vendredi 23 juin 2017

La Fédération Française de Gentillesse vous présente : Nagui !


Françaises, français, mes chers compatriotes, en vérité je vous le dis : rien n'est plus ardu que deviser sur le rien, le vide, l'inconsistant.
Comment portraiturer un mètre-étalon de la vacuité ultime sans tomber soi-même dans ladite vacuité ? C'est pourtant l'exercice de style qui m'a été proposé par une revue dont je tairai le nom ici, et j'avoue que je suis à la peine. Torture. Vacherie. Je conjecture.
  
A la fois creux et pléthoriques, les shows de Nagui sont une sorte d'oxymore qui s'ignore : il n'y a rien d'exceptionnel, mais “c'est hyper bien filmé”, pour paraphraser l'intéressé. Hem. “Hyper bien filmé”, ça se discute...je dirais plutôt “hyper trop filmé”. Quand on tombe sur un extrait de “Taratata”, avec ses 23 caméras dont une au bout du manche de la Gibson de Jean-Jacques Goldman - qui est aussi l'auteur de la musique du générique - on se dit qu'il ne manque plus qu'une vue endoscopique de, euh...enfin une vue endoscopique de ce que vous voudrez pour que le tableau soit complet.



Ça dégueule de lumières, un coup en face, un coup en contre, d'effets stroboscopiques, on exhibe le matos, “Vazi Gégé, mets-moi un flight-case tout rayé en amorce pour que ça fasse vrai gig, genre un pur road-show de desperados du rock, tu vois”.

Désolé, on est à la Plaine Saint Denis sur le Plateau 128, sortie porte d'Aubervilliers, Paris 75019, les mecs. Et pas au SXSW d'Austin, Texas.


Et pourtant...et pourtant, “less is more” dit l'adage que je cite dans la langue commune à Shakespeare et Benny Hill - que notre sympathique bateleur grisonnant pratique comme Nelson Monfort fait du rameur à l'Aquaboulevard, selon le côté du tube cathodique et du boulevard périphérique par lequel on regarde.

Par pitié, quelqu'un, faites quelque chose ! Rendez-nous les jardins zen de la télévision SFP des années 1960, made in Buttes-Chaumont, avec DEUX caméras, pas une de plus, champ-contrechamp sur Serge Gainsbourg qui chante en playback en regardant par terre, et puis c'est marre !


Venu du monde des radios très improprement dites “libres” de la région PACA, Nagui émarge d'abord en 1983 au service d'une très monégasque chaine de télévision, et comment dire ? Aujourd'hui encore, ce j'menfoutisme méridional décontracté lui colle aux Chelsea boots comme l'étron d'un caniche de rombière aux claquettes de piscine d'une employée de maison cap-verdienne non déclarée.


Tous les jours sur les ondes de France Inter, grâce à Frédéric Schlesinger, ancien directeur de RFM Sud-Ouest entre 1986 et 1990, qui l'a fait entrer à Radio France, Nagui déboule à 11h00 pile avec son générique de trompettes synthétiques jouées au Yamaha DX9, qui ressemble tellement à la face B d'un 45 tours du tragique duo “Partenaire Particulier”, que moi perso, ça me donne envie d'exploser mon radio-cassette FM Continental Edison à coup de boules de pétanque. 


Nagui ne lit pas les fiches qu'on lui prépare, on se demande parfois s'il voit les films “hyper-bien filmés” dont il parle avec l'enthousiasme d'un élève de première année de BTS communication et média, et ce sont Daniel Morin et Albert Algoud (je veux dire ici mon respect infini à ces deux moines-soldats de l’humour radiodiffusé) qui se chargent régulièrement de repêcher comme ils peuvent notre cher- si cher – animateur-producteur, qui se plaignait en juin 2016 au micro turgescent de Jean-Marc Morandini de la modestie des émoluments que lui verse France Inter en ces termes :

« C'est du bénévolat, on ne peut pas parler de salaire, c'est un défraiement. » Les pigistes et autres soutiers permittents sous-payés en CDD abusif qui font tourner la Maison Ronde au quotidien apprécieront.

C'est la classe à Palavas, et c'est résolument très “BFM” – pardon, très “RFM”, très “Bernard Tapie en R25 Baccarra”, très “Réussis ta vie”, très “Vacances, j'oublie tout, j'm'envoie en l'air, ça c'est super, folie légère, c'est fou”, bref c'est complètement eighties, vous ne trouvez pas ?



En vous souhaitant bonne réception,
Votre dévoué,

Francis Quinzulla

3 commentaires:

  1. je valide à 100 % cette analyse ! ce mec a un amour propre et une estime de lui mêmme aussi abyssale que ses habits sales et son humour pompeux !

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    1. En plus il est membre de la Fédération Française de Gentillesse, ce qui prouve que c'est un bel enc...euh, un chic type, comme Hanouna ou Arthur !

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